Pôles Espoirs : « Réussir le double projet »

Article publié le 22/07/2019

La FFTA compte quatre Pôles Espoirs qui s’inscrivent avec les clubs formateurs (ETAF) dans le programme d’accession au haut niveau. Ils font ainsi partie intégrante du Projet de Performance Fédéral, qui vise à accompagner les meilleurs archers français vers le plus haut niveau international. Pour les meilleurs archers de ces structures, l’étape suivante est l’intégration d’un Pôle France Relève puis du Pôle France INSEP.

Les entraîneurs des trois structures de Boulouris en PACA, Compiègne dans les Hauts de France et Carquefou (près de Nantes) en Pays de la Loire (le quatrième Pôle étant celui d'Ile-de-France, à Châtenay-Malabry), évoquent le fonctionnement des Pôles Espoirs et l’importance pour les jeunes de continuer à progresser tout en réussissant leur scolarité.    

 

Depuis combien de temps êtes-vous en poste ?

Julien Alsberghe : « Je suis conseiller technique régional et je suis âgé de 38 ans. Je suis à Boulouris depuis septembre 2011 où j’ai commencé en tant que CTR et à l’époque, la structure n’était pas encore labellisée Pôle Espoirs. Il y avait un entraîneur dédié à temps plein, Jean-Manuel Tizzoni, avant qu’il soit nommé entraîneur sur l’Insep. Depuis la rentrée de septembre 2014, j’ai en plus la gestion du Pôle Espoirs. »

Ludovic Cotry : « Je suis en poste depuis septembre 2009. J’ai 44 ans. Je suis conseiller technique sportif des Hauts-de-France et responsable du Pôle Espoirs de Compiègne qui existe depuis 1995. C’est ma collègue Camille Lopes qui est entraîneur à 100% sur le Pôle, même si j’y suis présent tous les jours. »

Francis Simon : « J’ai 59 ans et j’en suis à ma douzième année au Pôle Espoirs où je suis cadre technique national et entraîneur. Depuis cette année, nous avons déménagé et nous sommes installés dans l’Espace La Forêt à Carquefou, une commune qui touche Nantes, dans les installations du club local, les Archers de l’Erdre. »

Comment vit et fonctionne le Pôle Espoirs dont vous avez la charge ?

J.A. : « Dans le Projet de Performance Fédéral, les Pôles Espoirs sont gérés par les comités régionaux ; à Boulouris, c’est le comité régional PACA qui gère avec bien entendu l’appui et le soutien de la Fédération et du Creps de Boulouris qui accueille cette structure. »

L.C. : « Le Pôle Espoirs est adossé au Comité Régional des Hauts-de-France principalement. Nous sommes installés dans les locaux de l’ancienne Ligue de Picardie qui avaient été construits avec la ville de Compiègne. »

F.S. : « Le Conseil Régional et le Comité régional de tir à l’arc prennent en charge tout l’aspect sportif et les parents paient les frais d’hébergement.»

Combien y a-t-il d’archers dans votre Pôle Espoirs ?

J.A. : « Cette année, il y a neuf archers, quatre filles et cinq garçons, âgés de 13 à 16 ans. Des jeunes qui sont majoritairement issus de la région. Notre volonté première est de former des jeunes et de les orienter vers le haut niveau. On accueille également des jeunes des régions limitrophes qui n’ont pas forcément un Pôle Espoirs. » 

L.C. : « Ils sont douze. Il y a huit filles et six garçons qui ont de 13 à 17 ans. Nous avons un recrutementqui va bien au-delà de notre région. C’est ainsi que cette année, nous avons une archère qui vient d’Annemasse, une autre de Longwy, une de Nantes, un garçon de Pont-à-Mousson, un de Paris et deux des alentours de Dijon. C’est de plus en plus fréquent. Sans prétention, les bons résultats du Pôle et notre image de marque font que les jeunes arrivent de toute la France. On a un bon taux de passage de Pôle Espoirs à Pôle France. » 

F.S. : « Nous avons six jeunes, deux filles et quatre garçons, des cadets 1 et 2, entre 14 et 16 ans. C’est la première année où nous avons si peu de différences d’âge. Une seule est issue de la région, les autres viennent de régions de tout l’Ouest de la France. Pour l’an prochain, nous avons des candidatures qui arrivent notamment d’Auvergne et d’Alsace. Nous avons un secteur de recrutement très large. » 

Comment s’organisent les entraînements et les études de vos archers ?

J.A. : « Le Creps dispose d’un partenariat avec deux établissements situés à Saint-Raphaël, le collège de l’Esterel qui vient d’être récemment reconstruit dans son intégralité et qui est à cinq minutes en bus, et le lycée Saint-Exupéry qui est de longue date partenaire du Creps et qui est à une dizaine de minutes en bus. L’idée est de réussir ce qu’on appelle le double projet. Il y a un très fort investissement de l’ensemble des acteurs pour placer les jeunes dans les meilleures conditions pour réussir et s’épanouir. Il s’agit pour eux de réussir leur projet de vie. Les cours sont aménagés pour leur permettre d’être libérés plus tôt et de pouvoir s’entraîner davantage. Il y a un dispositif de suivi et d’accompagnement pour s’assurer de leur réussite scolaire. Il y a d’ailleurs une personne dédiée dans ce secteur. Ils ont des cours de soutien et des rattrapages si nécessaire quand ils sont absents en raison de stages et de compétitions. » 

F.S. : « Nos archers fréquentent le même établissement, le CENS (Centre Educatif Nantais pour Sportifs) situé à La Chapelle-sur-Erdre, à la périphérie de Nantes, où il n’y a que des athlètes de haut niveau, toutes disciplines confondues. C’est une pédagogie adaptée et tout est fait pour que les élèves réussissent. Il y a 170 élèves dans cet établissement privé qui est à une dizaine de minutes en minibus. Ils ont cours en même temps et sont libérés en même temps, ce qui fait que j’ai toujours tout mon groupe en même temps. Réussir ses études, c’est très important car on ne vit pas du tir à l’arc. Il faut absolument assurer le double projet. » 

Quels sont les objectifs de vos archers en 2019 ?

L.C. : « Le but est à la fois d’augmenter le niveau de performances au niveau régional, mais aussi d’avoir un fort taux d’intégration au Pôle France pour justifier le fait que la structure fonctionne. Concrètement, nous axons notre entraînement à l’intégration aux Pôles France pour que les athlètes se développent au plus haut niveau. On s’appuie donc sur les compétitions de référence que sont les Tournois Nationaux Jeunes. Individuellement, chacun a un objectif particulier. Pour les minimes qui ont très peu d’expérience, cela va être d’essayer de réaliser en compétition ce qu’ils sont capables de faire aux entraînements. Nous avons un junior, Jules Vautrin, qui est en train de jouer les sélections pour les championnats d’Europe en salle. Nous avons la particularité d’intégrer des arcs à poulies. Nous avions Lola Grandjean qui est maintenant au Centre national arc à poulies à Dijon et cette année, Candice Cadronet qui n’a qu’un an de tir à l’arc pourra déjà jouer dès cet été des sélections pour les championnats du monde. » 

F.S. : « L’objectif pour les archers, c’est la performance et à terme, pour une partie d’entre eux, c’est de changer de structure et d’aller en Pôle France pour progresser dans le dispositif de la Fédération française. Cette année, nous avons deux jeunes, Aziliz Ramel et Iban Bariteaud, qui souhaitent aller chercher une sélection pour les championnats du monde cadets. Chacun a des objectifs définis en début d’année.

Comment se présente l’avenir de votre Pôle Espoirs ?

J.A. : « Le tir à l’arc est implanté à Boulouris depuis 1989 et il ne faut pas oublier que nous sommes une structure qui bénéficie de conditions climatiques très favorables. Pouvoir s’entraîner dehors durant toute l’année dans de telles conditions est une véritable plus-value. » 

L.C. : « Le pôle fonctionne très bien et j’ai l’impression que nous sommes de plus en plus efficaces. On va avoir un pas de tir fermé avec une extension de notre salle. Pour l’an prochain, on a déjà des candidatures et on arrivera à faire de bonnes sélections. » 

F.S. : « A Nantes, un nouveau Creps est en construction, avec un très bel équipement de tir à l’arc. A partir de 2021, on aura donc des moyens importants de grande qualité dans une structure complètement dédiée au Pôle. On espère que le tir à l’arc va continuer à se développer. » 

Ils sont passés par un Pôle Espoirs :

Thomas CHIRAULT (Compiègne puis Pôle France de Dijon et actuellement Pôle France INSEP, Jean-Charles VALLADONT (Pôle Espoirs Dijon puis Pôle France de Nancy, et PF INSEP) et Bérengère SCHUH (Compiègne puis PF INSEP).


Les Pôles Espoirs en Chiffres

  • 18 : Le volume d’entraînement hebdomadaire en Pôle Espoirs est de 18h minimum.
  • 600 à 1000 : L’appartenance à un pôle espoirs doit permettre de tirer 600 à 1000 flèches par semaine sans difficulté particulière.
  • 75 : En 2019, 75 archers s’entraînent au quotidien dans un pôle ; 37 archers (19 filles – 18 garçons) dans un pôle espoirs, 24 archers en Pôle France Relève (8 filles – 16 garçons) et 14 archers au Pôle France INSEP (6 filles – 8 garçons)

Article tiré du magazine Le Tir à l'Arc n°864 (Janvier, février, mars 2019) | Texte : Félix Chioca - Photos : Pôles Espoirs et Ange Jimenez / FFTA