Guillaume Toucoullet : Un mental d’acier, une médaille d’argent

Après sa participation aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021, Guillaume Toucoullet, 37 ans, vient de remporter la médaille d'argent au Championnat du Monde Para Archerie en arc classique hommes. L'athlète français, victime d'un accident de moto en 2010 qui l’a privé de l’usage de son bras gauche, est désormais numéro un mondial dans sa catégorie. Nous avons pu revenir avec lui sur son parcours et son expérience au Championnat du Monde Para Archerie à Dubaï (EAU) le week-end dernier.

Peux-tu revenir sur ton parcours dans le tir à l’arc?

J’ai commencé le tir à l’arc il y a un peu moins de 5 ans. Avant ça, je pratiquais l’aviron en handisport à haut niveau. Je faisais partie de l’Equipe de France, j’ai remporté 3 titres de champion de France, et je prenais part aux compétitions internationales. J’avais réussi à qualifier le bateau pour les Jeux de Rio 2016 mais je n’ai finalement pas été sélectionné, ce qui m’a poussé à me retirer du haut niveau et me diriger vers un autre sport.

A la base, je voulais pratiquer un autre sport seulement pour le loisir. Je me suis dirigé vers le tir à l’arc car j’aimais l’objet, l’arme. J’étais également curieux, car je me demandais comment je pouvais tirer sans l’usage de mon bras gauche. On m’a proposé de tirer avec la bouche dans mon club de Biarritz, j’ai donc essayé car je trouvais le défi fou, je me suis dit « allez on y va ! ». J’ai donc commencé le tir à l’arc en octobre 2017, et j’ai participé aux Championnats de France dès ma première année, au bout de quatre mois de tir en handisport, sur lesquels j’ai fini 3ème. J’ai remporté mes premiers titres de Champion de France en intérieur et en extérieur l’année d’après.

Comment as-tu tu préparé ce Championnat du Monde à Dubaï ?

Tout est allé très vite pour moi dans le tir à l’arc, je suis rentré en 2019 en équipe de France et je connaissais très peu ma technique ainsi que les réglages de mon matériel. Aux Jeux Paralympiques de Tokyo, j’ai rencontré des difficultés avec mon équipement, qui ne convenait pas à ma pratique, j’ai donc décidé de refaire mes réglages et d'ajuster mon arc en raison de casses. Je me suis rapproché de mon entraineur afin de pouvoir faire de nouveaux réglages et de nombreux essais afin d’avoir enfin le matériel qui convenait à ma pratique.
Je suis arrivé sur ce Championnat du Monde en étant très heureux d’avoir trouvé ce qui me convenait et qui m’a permis d’arriver là-bas sans trop de pression avec pour seul objectif d’aller le plus loin possible. Je voulais avant tout prendre des repères sur une compétition de référence avec mon nouveau matériel. J’ai abordé le tournoi assez sereinement : je fais 1er sur les séries de qualifications, et après, tout s’est enchaîné jusqu’à arriver en finale.

Comment as-tu vécu cette finale ?

Je me suis senti hyper bien pendant ce match. Je me sentais chanceux d’être là, de pouvoir disputer une finale or sur un Championnat du Monde. J’étais déterminé à donner le meilleur, ça c’est sûr ! Quand je revois la vidéo de la finale, j’ai le sourire, je pense que ça reflète mon état d’esprit sur la compétition, où régnait une très bonne ambiance. J’étais d’autant plus content de tirer face à Tomohiro Ueyama (JAP), qui est quelqu’un que j’apprécie beaucoup sur le circuit. Au final, je ne fais pas un score ridicule mais il tirait vraiment très bien. J’ai réussi à revenir à 5 partout jusqu’à cette erreur technique en flèche de barrage. Je ne regrette rien si ce n’est cette dernière flèche.

Qu’est-ce que cela représente pour toi de pouvoir ramener une médaille de ce Championnat du Monde ?

Je dirais que c’est le résultat d’un beau travail collectif. J’appartiens à deux clubs, Handisport Pays Basque et les Les Archers de la Humade, un club handisport et un club valide. Mes deux présidents de clubs sont très présents pour moi, et je suis heureux de pouvoir leur ramener une médaille d’argent du Championnat du Monde. Je suis ravi d’avoir pu le faire également pour mon entraîneur et les personnes qui me font confiance et me soutiennent au quotidien : ma famille, mes sponsors...

Quels sont tes objectifs désormais ?

J’ai beaucoup de choses à apprendre, je pense en avoir encore un peu sous la pédale, c’est de bon augure pour la suite. J’ai beaucoup d’objectifs, mais ma ligne de conduite est toujours la même : j’essaie de toujours tirer ma meilleure flèche et la prochaine ne peut être que meilleure. Je vais aller jusqu’à Paris 2024 et plus si je peux ! Je veux également chercher à élever mon niveau de performance et de compétitivité en allant tirer avec les valides dans un premier temps, en participant aux sélections. Je cherche à me confronter aux meilleurs archers mondiaux, et la France est très bien dotée à ce niveau !

Crédit photos : Dean Alberga, World Archery