Lauréna Villard « Je m’entraîne pour être prête le jour où on m’appellera. »

Article publié le 23/03/2020

Sacrée championne d’Europe tir en campagne l’été dernier, Lauréna Villard a enchaîné avec une saison Indoor tout en menant de front les sélections pour intégrer l’équipe de France arc classique.  Technicienne en radiologie, elle a, pour cette saison, décidé de se consacrer à 100% à sa carrière sportive pour tenter de décrocher un sésame olympique. Basée en Bretagne, c’est chez elle que l’archère d’Issy les Moulineaux continue à se préparer toujours avec le même optimisme et la même énergie durant cette période de confinement.

On t’avait quittée à la fin de la saison en extérieur couronnée par deux médailles aux championnats d’Europe tir en campagne… Beaucoup de choses se sont passées sur le plan tir à l’arc depuis octobre dernier…
J’aime la compétition et la confrontation c’est pour cela que j’ai fait de la salle durant l’hiver. Il y a pas mal de concurrence chez les filles, ça envoie des 10, il faut être là. A Las Vegas, j’ai tiré contre la vice-championne olympique et j’ai réussi à faire un bon match. Sur les sélections, il a fallu que je m’adapte, c’était un rythme différent pour moi qui ai l’habitude de tirer plutôt le soir après le travail. J’étais prête.
Pendant la dernière étape, ça a poussé l’organisme à bout. On voulait toutes faire partie de ce collectif olympique. Quand les filles de l’INSEP ont commencé à revenir et à être bien pressantes sur la deuxième sélec, il fallait tenir le cap et faire face. J’ai adoré ça.

Parle-nous de ton premier stage avec le Groupe France à Boulouris début mars.
C’était la première fois que j’étais dans le collectif, cela m’a permis de faire connaissance des autres. C’était bien, il faisait beau. C’était hyper agréable de tirer de jour dans de bonnes conditions. J’ai pu voir Jean-Manuel Tizzoni, partager plein de choses sur mon fonctionnement. Je devais planifier des venues à l’INSEP mais là tout est à l’arrêt.

Evidemment on ne peut pas occulter la situation actuelle liée au coronavirus. Comment t’organises-tu ?
J’avais demandé un congé sans solde pour pouvoir suivre le programme de l’Equipe de France. Du coup je ne travaille pas. La fédération doit m’aider à recevoir des aides, ainsi que le club et la ville d’Issy et la région ; tout cela est en cours. J’habite entre Fougères et Rennes à la campagne. Je m’entraîne chez moi, j’ai une maison avec un terrain qui me permet de m’entraîner tous les jours à 70m. Du coup cela ne me change pas par rapport à d’habitude. J’essaie de mettre en place des situations comme on a pu le faire à Boulouris, mais seule ce n’est pas pareil. J’aime être seule de temps en temps mais j’aime aussi beaucoup voir des gens, partir en compétition, voyager. Ça c’est le plus compliqué mais ça va le faire.

Comment s’organise ta journée ?
Je tire, je fais du sport, et je fais aussi des travaux dans la maison, il faut que je finisse ma cuisine… Le matin je tire environ 200 flèches, l’après-midi je fais mes travaux mais je vais bientôt faire deux séances de tir et une séance de sport par jour. Depuis cinq ans je travaille avec un groupe de préparation physique qui est sur Rennes et cela fait deux ans que je fais ça à fond. J’ai perdu beaucoup de poids grâce à cela et à une meilleure hygiène alimentaire mise en place avec une nutritionniste qui m’a appris à manger. Je n’ai pas fait de régime. En fait c’est hyper simple ! Avec mon métier de technicienne radio je vois beaucoup de personnes qui ont des douleurs très souvent dues au surpoids.

Dans quel état d’esprit es-tu ?
J’ai très hâte de partir en compète pour me confronter aux archers des autres pays. Je vais continuer de m’entraîner tous les jours pour être prête le jour on m’appellera.

Peux-tu donner quelques petits conseils aux archers en confinement ?
Si l'on n’a pas la possibilité de tirer chez soi, il faut profiter de cette période pour prendre soin de son matériel, s’informer sur la manière de régler son arc, faire des temps de tenue, des activités physiques qui mobilisent la structure scapulaire pour continuer à faire fonctionner son corps. Il est aussi intéressant de voir ce que les grands archers font de leur côté. C’est ce que j’aurais fait si je n’avais pas eu la possibilité de tirer à 70m !

Service Communication FFTA - Propos recueillis par Laurence Frère Photo selfie de Lauréna et Crédit Photo : Florence Pickworth/ Mokrice Catez 2019

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