A la veille du début de la compétition officielle de l'échéance estivale attendue à Paris, la Fédération souhaite mettre en avant d'anciens archers olympiques et paralympiques. Retour sur le parcours sportif de ces athlètes qui ont marqué le tir à l'arc.
Dans cet épisode, retrouvez Pierre Plihon, athlète olympique qui a participé aux Jeux de Rio en 2016 et de Tokyo en 2021. En course pour les Jeux de cet été, Pierre a dû mettre un terme à sa carrière sportive pour cause de blessure. Retour sur son expérience d'olympien.
SG : Pierre, tu as vécu deux Jeux Olympiques, à Rio en 2016 et à Tokyo en 2021. Qu’est-ce que les Jeux représentent pour toi ?
PP : Cela représente le summum de la compétition. En tant que sportif de sport olympique, c’est LA compétition de référence, il n’y a pas plus grandiose, plus intense ni plus rare. C’est des souvenirs, des rencontres, des émotions, qu’on ne peut pas facilement vivre ailleurs. En 2012 quand je suis allé voir mon patron pour faire une rupture conventionnelle car je voulais faire les Jeux Olympiques, je n’étais que 128ème national, mais j’en rêvais déjà.
SG : Comment as-tu vécu tes deux participations aux Jeux ?
PP : C’était deux choses complètement différentes. Rio, c’était la nouveauté, la fraîcheur. Je ne savais pas ce qu’était les JO. Je ne suis pas beaucoup les Jeux à la télé donc pour moi c’était une énorme compét', le graal, l’esprit de Coubertin. Donc j’avais tout le symbole de la compétition mais j’étais totalement dans l’inconnu. Avec l’échec cuisant que j’ai vécu à Rio, voir JC gagner cette médaille (ndlr : Jean-Charles Valladont, médaillé d’argent à Rio en 2016), ça m’a reboosté pour quatre ans. De voir que c’était faisable.
A Tokyo, j’avais à cœur pas uniquement d’être présent mais de les vivre pleinement. Avec l’échec de l’équipe ça a été dur à encaisser et je n’ai pas non plus brillé en individuel car je n’ai pas ramené de médaille, et pour autant j’ai donné tout ce que je pouvais. Je bats Jack Williams alors n°5 mondial, puis je me fais sortir par KIM Woojin, la légende. Je l’ai beaucoup mieux vécu que Rio.
Le parcours pour accéder aux Jeux est tellement plus dur que ce qu’on imagine. Le statut d’Olympien est déjà quelque chose, énormément de travail, douleurs, doutes et de joies aussi. Mes meilleurs souvenirs de tir à l’arc c’est ça aussi.
SG : Justement, quel est ton souvenir le plus marquant autour des Jeux Olympiques ?
Ce qui me marque le plus c’est le TQO à Paris en 2021. La compétition est arrêtée pendant deux heures à cause de la météo, on s’était fait « rouler dessus » par les Etats-Unis en demi-finale, et à la reprise, pour la petite finale, on bat l’Ukraine. On ne fait plus qu’un. Il n’y a plus Thomas, Jean-Charles et Pierre, il y a l’équipe de France avec chacun ce qu’on a à apporter. Ce moment là où la mayonnaise prend. Je ne m’appartenais plus, j’étais en dehors de moi-même. J’avais l’impression d’avoir juste à penser 10 pour faire 10. C’était plus moi-même, c’était « l’ours bleu » (ndlr : Blue bear, surnom international de Pierre Plihon). Il peut se passer n’importe quoi autour, à ce moment là la seule chose qui compte c’est les doigts sur la corde et sortir la bonne flèche. Etre dans l’instant présent, ne plus rien être que moi et mon arc, dans ce moment suspendu.
SG : Réussir à être dans cette bulle, cette configuration mentale, c’est important pour réussir ses Jeux ?
PP : Aux Jeux, j’avais eu beaucoup de mal à me détacher de l’enjeu. A Rio, je ne pensais qu’à y faire quelque chose et j’ai perdu tous mes moyens. A Tokyo, je n’étais pas spécialement meilleur sur le score mais pour autant, j’ai vécu chaque flèche comme la dernière. Il faut se détacher de toutes sortes de conséquences et être dans l’instant présent. Vivre pleinement chaque instant.
Pierre Plihon lors de ses Jeux à Rio en 2016
Pierre Plihon lors de ces derniers Jeux à Tokyo en 2021
SG : Tu ne seras pas sur le pas de tir pour cette édition 2024, mais tu vas les vivre autrement. Peux-tu nous en dire plus ?
PP : Oui, j’ai été sollicité par France TV pour commenter les épreuves de tir à l’arc aux Jeux Olympiques. C’est un honneur de pouvoir suivre et commenter le parcours des archers avec qui je me suis préparé pendant la moitié de la saison. Je vais pouvoir les suivre dans leur rêve olympique, et vivre chaque instant au plus près. Pour l’anecdote, je me rappelle avoir commenté le premier titre national de Baptiste en salle lors des championnats de France à Nîmes. J’espère pouvoir commenter sur toutes ses finales avec des médailles à la clé là encore !
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