Projet fédéral, COVID et grands événements : entretien avec Jean-Michel Cléroy

Article publié le 10/07/2020

En cette période de reprise progressive, Jean-Michel CLEROY, président de la Fédération Française de Tir à l'Arc, fait le point sur la situation actuelle et l'avancée du projet fédéral.

 

  • Ces derniers mois ont été éprouvants pour les individus comme pour les entreprises. Quelle est la situation pour la FFTA ?

 

Nous avons été, et sommes toujours, confrontés à une situation exceptionnelle. Depuis le 16 mars le leitmotiv du comité directeur était la préservation de la santé de nos licenciés.

Je profite de cet échange pour remercier les permanents et la DTN pour leur investissement dans des conditions inhabituelles (le télétravail). Au-delà des missions traditionnelles, il a fallu travailler sur différentes hypothèses de l’évolution de la situation, sur les protocoles de reprise, sur de nouveaux modèles de communication, de nouveaux modèles d’animation.

Cette longue période contrainte d’inactivité a des conséquences lourdes. Des clubs, des comités départementaux et régionaux, ont dû adapter les emplois de leur structure, et dans la grande majorité garantir les salaires. Cela fait partie de l’état d’esprit et des valeurs du tir à l’arc. Un grand merci pour cet effort.

Aujourd’hui, malgré des protocoles qui se veulent rassurants pour les collectivités, les licenciés (parents et enfants) et nos dirigeants, nous ne pouvons que constater que la reprise est difficile.

C’est aussi le même constat pour nos athlètes qui sont confrontés aux problématiques des structures qui les accueillent. Cela se fait progressivement, avec des objectifs qui se dessinent pour 2021.

  • De nombreux archers n’ont pas pu tirer pendant plusieurs mois à cause de la crise sanitaire. Craignez-vous une grosse perte de licenciés pour la rentrée ? Prévoyez-vous un remboursement des licences ?

Nul ne sait quel sera le contexte en septembre. Je me veux optimiste, croire que l’on pourra retrouver nos licenciés et accueillir de nouveaux pratiquants. Tout dépendra de la situation en septembre.

Adhérer à une association, à une fédération, est un acte volontaire qui n’est pas assimilé à une prestation de service. Ce principe fondamental a par ailleurs été rappelé par le Comité Olympique dans différents communiqués. Nous ne ferons pas de remboursement de licence. Par contre les licences « Découverte » dont la période a commencé le 1er mars ont été forcément impactées. Le bureau fédéral a décidé de prolonger leur période de validité jusqu’au 30 novembre.

Je rappelle que ces licences ont pour objectif d’amener les néo-licenciés vers la prise d’une licence entière à la rentrée suivante.  Nous voulons ainsi contribuer à faire revenir ces personnes au sein des clubs.

  • Comment la FFTA va-t-elle accompagner ses clubs pour la reprise ?

La réussite de la rentrée est primordiale pour le développement de notre activité, comme cela le sera pour toutes les disciplines. La fédération se doit d’accompagner les clubs, qui sont les premiers acteurs de notre développement. Leur périmètre est très localisé, avec des moyens de communication qui passent par l’écoute des médias locaux et l’appui des collectivités. En tant que président de club, j’en suis pleinement conscient.

La fédération a initié une grande campagne de communication nationale, d’une ampleur inédite pour nous. Notre objectif reste identique, accueillir des jeunes et leur famille dans une pratique de plaisir et de bien-être.

Une campagne dans la presse écrite et sur les radios autoroutes (le long des cheminements des vacanciers), des pastilles vidéos de licenciés, des clips promotionnels sur la chaine Sport en France et des kits de communication, toujours appréciés par les clubs pour leurs opérations d’initiation et de promotion interne.

Cette opération se déroulera sur un mois à partir de la mi-août. Le message invitera le public à se rendre dans les clubs dès le début septembre avec deux weekends de journées portes ouvertes (5-6 et 12-13 septembre). Je demande à l’ensemble de nos dirigeants d’être disponibles dès la rentrée afin de capter nos futurs licenciés.

  • Avec le projet fédéral, des changements ont été effectués depuis près de 2 ans, notamment sur le plan sportif. Qu’en est-il aujourd’hui ?

A l’aube de l’élection du comité directeur, nous nous sommes engagés sur un programme d’actions. Nous avons réussi à les mettre en place. Rien n’est parfait du premier coup, certaines ont été et seront ajustées en fonction du retour du terrain. Le système fédéral doit s’adapter pour correspondre à l’évolution de la société et prendre en comptes de nouvelles problématiques. Les besoins et les attentes d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles des années 2000.

La réforme sportive était une nécessité pour permettre de valoriser les compétiteurs de niveau international afin de les préparer avec une concurrence. C’est aussi la volonté de donner la possibilité à plus de licenciés de participer à un championnat de France.

En raison du COVID-19, les nouveaux labels seront mis en place avec une année de décalage. Ils évoluent avec nos objectifs de structuration. La progression des clubs labellisés montre la réussite de leurs dirigeants qui œuvrent dans ce sens. Soulignons le rôle des référents qui se forment en permanence afin d’être au plus près de leurs clubs.

Les formations doivent se réajuster par rapport à nos besoins. Nous avons fait un bilan et d’autres formations seront à modifier et à imaginer. Gardons le fait d’évoluer en fonction de la société, des attentes…

Le sport santé, le sport bien être sont devenus une réalité pour tous nos publics, y compris les jeunes. Nous avons des outils à disposition de la préservation de la santé.

Le tir à l’arc en milieu scolaire au travers de l’USEP et l’UNSS s’est concrétisé par des conventions entre fédérations et la création de fiches et cycles pédagogiques.

Si le développement passe par un encadrement compétent dans les clubs, disposer d’un équipement permettant d’accueillir différents publics est primordial. Notre plan équipement sera déployé en septembre avec le projet « 50 salles pour tirer à l’arc ». Nous avons développé un concept de salles modulables à coût réduit, construites avec des matériaux respectant l’environnement. La fédération soutiendra les projets avec une aide financière de 10 000 euros par équipement à raison de 10 par an, et plus si nécessaire ! Le conseil régional d’Ile de France a manifesté un vif intérêt pour ce plan ; une convention sera prochainement signée avec la fédération.

Le projet fédéral comportait un volet international, avec la position de la fédération dans les instances. Je me réjouis du résultat des élections au sein de World Archery et de la nomination de deux Français à la tête des deux comités cible (discipline olympique) avec Olivier Grillat et para-archerie (également olympique) avec Dominique Ohlmann. Nous avons aussi des délégués techniques tir en extérieur et en parcours.

Un volet social d’accompagnement pour nos athlètes de haut niveau qui ne sont pas des professionnels fait également partie intégrante du projet fédéral. Nous nous devions de leur proposer un statut qui leur permette de s’entraîner, de poursuivre leur projet personnel, sans se soucier des difficultés de la vie quotidienne. La signature de convention avec l’INSEP et le ministère de la défense, vont permettre d’atteindre l’objectif pour plusieurs d’entre eux.

  • Quel impact la mise en place de la nouvelle gouvernance du sport risque-t-elle d’avoir sur la mise en place des projets ?

Je suis satisfait de ces projets menés dans des conditions particulières sur ces années. Nous avons vécu la réforme et la mise en place de la nouvelle gouvernance du sport. Puis est arrivée la remise en cause de nos cadres techniques (sujet toujours d’actualité) sans lesquels nous ne pouvons fonctionner. S’en est poursuivie la mise en place des projets sportifs fédéraux et la gestion de l’ex CNDS, qui a engendré une organisation différente, un élargissement des missions du service développement. Et cela s’est poursuivi avec des crises économiques, les gilets jaunes, les grèves de 2019 qui ont eu un impact sur la situation de nos licenciés. N’oublions pas un sujet d’actualité avec les violences sexuelles, que nous devons combattre comme l’ensemble des violences et discriminations, en poursuivant par cette pandémie du COVID 19. Un mandat parsemé de situations de crises auxquelles la fédération a su faire face par l’implication de chacun, de la direction technique avec ses cadres, des permanents, des élus fédéraux et des comités, jusqu’aux dirigeants de nos clubs, au plus près des préoccupations de nos concitoyens.

  • Nous sommes à un an de grandes échéances pour la FFTA avec plusieurs événements jusqu’aux JO de Paris en 2024 et notamment l’organisation en juin 2021 d’une étape de Coupe du Monde, précédée d’un Tournoi de Qualification Olympique, qui distribuera les derniers billets pour Tokyo. Comment appréhendez-vous l’organisation de ces événements ?

Etre présent sur la scène internationale passe par la réussite de nos athlètes et également en étant organisateur. L’objectif de Paris 2024 s’est vite décliné en plusieurs étapes. Pour faciliter l’organisation de tels événements, nous avons créé une structure dédiée avec le Comité d’Organisation France Tir à l’Arc.

2021 année oh combien importante !
Les Jeux de Tokyo devront être un marqueur pour la préparation de Paris, et la réussite pour nos athlètes. Pour cela il faudra aller chercher les quotas. Nous avons la chance d’organiser, au pied levé, le dernier tournoi de qualification olympique (TQO) à Paris. Nous devons être tous derrière eux, leur communiquer notre ferveur. Dans la foulée du TQO se tiendra la première année de manche de Coupe du Monde. Après les qualifications qui se dérouleront au Stade Charléty, le château de Vincennes accueillera en son sein les finales. Quel écrin pour le tir à l’arc !
Notre enjeu est la réussite de ces étapes de la Coupe du Monde. Mais la réussite ne se mesure pas seulement sur les résultats sportifs, elle passe par « l’acculturation » du public français au tir à l’arc, la formation de bénévoles avec l’optique de les amener vers les Jeux en 2024, la préparation des athlètes vers les arènes des Invalides.
Réussir, c’est aussi conserver un héritage. Les bénévoles que nous formerons pourront poursuivre leur engagement au-delà de 2024, dans nos compétitions nationales. Ils apporteront une plus-value, à nous de savoir poursuivre cette aventure.

En 2021, d’autres compétitions internationales vont se dérouler sur différents continents, les championnats de parcours de 2021 étant reportés en 2022. Pendant les deux prochaines années, nos athlètes seront sur tous les fronts. Profitons du plaisir et de l’adrénaline qu’ils nous transmettent.

  • Vous venez d’être élu au conseil d’administration du CNOSF en tant que représentant des fédérations olympiques. Que représente cette élection et qu’apporte-t-elle à la fédération ?

Il s’agissait d’une élection complémentaire, sachant qu’il faut la majorité absolue.

Lorsque l’on se présente à une échéance, c’est dans l’optique de la réussir. Je suis satisfait du résultat, c’est une reconnaissance de l’engagement que je peux mettre au service du tir à l’arc et du sport en général.
Mais c’est avant tout pour la fédération que je me félicite, La FFTA retrouve un poste au sein de la famille olympique. C’est cette reconnaissance de notre sport et des actions que nous menons, du club vers le niveau national, avec l’appui des comités. C’est une vision du sport au travers du tir à l’arc qui est reconnue.

Propos recueillis par le service communication FFTA le 09/07/2020