Interview : Sophie Dodémont "Je ne me mets plus de limites… "

Article publié le 16/11/2018

Avec cinq médailles d’or internationales et une de bronze, Sophie Dodémont vient de réussir un retour gagnant sur cette saison 2018 ; elle qui avait annoncé sa retraite de l’équipe de France en 2014, a retrouvé l’envie et croit plus que jamais en ses capacités à réussir au plus haut niveau. Entretien avec une championne épanouie.

Mais comment as-tu réussi à atteindre ce niveau régulier à 700 points et plus ?
Mon niveau d’exigence n’a pas changé dans l’entrainement, je ne m’entraine pas plus qu’en 2014 mais aujourd’hui je me dis qu’il faut que j’atteigne la perfection ou plutôt que je m’en rapproche... Je ne me mets plus de limites. Chaque flèche tirée doit arriver dans le 10, je me dis que j’en suis capable. Sur les tirs de qualification c’est ce qui m’a permis ces scores à 700 points et plus.
Avant je n’avais pas cette confiance en moi-même pour avoir cet objectif. Pendant ces quatre ans, je n’ai pas arrêté le tir à l’arc, mais mon entrainement était moins important. Le plaisir de tirer commençait à s’éloigner, car je ne parvenais plus à faire les choses bien.
J’ai pris la décision de reprendre pour faire les choses bien.
Par exemple même depuis mon retour de la Finale de la Coupe du Monde, j’ai continué à m’entrainer chaque jour avant ou après le travail. Je ne me suis accordé une petite pause que sur cette fin de semaine car la saison a été longue.

Où et comment t’entraînes-tu ?
Mon club est Sarcelles, mais je m’entraine essentiellement à Marly la Ville car c’est tout près de chez moi ; le matin je suis presque toujours seule, l’après-midi il y a souvent des archers du club. A certaines périodes je travaille techniquement pour retrouver un tir plus régulier car la compétition dégrade tout de même un peu le tir, à d’autres moment c’est sur du perfectionnement technique et à l’approche des compétitions, je fais plus de tirs comptés ou des duels avec les gens qui m’entourent que ce soient des archers classiques ou poulies, ou encore me mets des petits jeux en place. Par exemple des 10 à la suite…
J’essaie d’alterner pour ne pas que ce soit monotone, sans avoir un programme très établi.
Cette année j’ai eu des soucis sur la partie arrière, sur le décocheur et sur le lâcher. En période de compétition, je laisse un peu tomber cette partie arrière pour me concentrer plus sur la visée et le maintien en place.

Tu es souvent la doyenne de l’équipe de France. Cet écart de génération te gêne-t-il ?
Plus les années passent et plus la différence d’âge se creuse avec les autres membres de l’équipe de France… J’ai l’âge d’être leur mère, je n’ai pas les mêmes délires qu’eux. En 2014, cela me pesait un peu, je m’étais dit que j’avais l’âge des coaches. Mais lorsque j’ai décidé de reprendre la compétition internationale, je me suis préparée à cela et je l’accepte mieux. Je sais que si je suis là, c’est que j’ai le niveau. Je suis à ma place, je ne l’ai pas volée.

Cette année, avec ton club Sarcelles, vous montez en D1 arc à poulies, est-ce important pour toi ?
Je n’étais pas là sur ce week-end de finale des DR qui se déroulait en même temps que la Coupe du Monde de Berlin. Les filles ont super bien géré ! L’année prochaine j’espère que je serai un peu disponible pour les aider. Quand je suis avec elles, ça leur met de la confiance. Nous sommes cinq dans l’équipe et chacune est capable de bien tirer. C’est une équipe bâtie avec la confiance, l’amitié et l’envie.

Es-tu prête à repartir sur un programme similaire pour la saison 2019 ?
Bien sûr ! Je repars pour une saison pleine. J’ai déjà étudié le programme des compétitions par rapport à mon calendrier professionnel. Parfois je suis fatiguée avec mon rythme de travail à plein temps et l’entrainement quotidien pendant 4 à 5 heures, mais ça me plait. En 2019, les mois de mai et juin sont très chargés avec les Coupes du Monde, les championnats du Monde et les Jeux Européens. J’ai la chance d’être dans un petit commissariat et le lieutenant qui me gère, le capitaine et le commandant, toute ma hiérarchie est à fond derrière moi. Je ne sais pas s’ils pourront me donner des jours, mais je pourrai les prendre sur mes jours de congés ou sur mon compte épargne temps. Même en situation de sous effectifs dans la police, ils me laisseront partir sur les compétitions. Je vais continuer à faire ce que je sais faire avec mes trente-cinq années d’expérience. Je pense que j’ai trouvé le sport qui me correspond, la preuve, je n’arrive pas à arrêter !

Extrait de l'interview de Sophie Dodémont, Le Tir à l'Arc n°863 | Texte : Laurence FRERE - Photos : Dean Alberga / World Archery; Julien ROSSIGNOL / FFTA

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