INTERVIEW : Romain Fichet, motivé comme jamais.

Article publié le 18/03/2020

Troisième des sélections en février dernier pour intégrer l’équipe de France arc classique, Romain Fichet  revenait le 3 mars dernier, sur son parcours. Après quatre années en demi-teinte, l’archer des Francs Archers de Nice aborde la saison 2020 motivé comme jamais. Stoppé dans son élan au moment d’aller disputer les premières compétitions de la saison suspendues en raison de la crise du Covid-19, il tente comme les autres athlètes de s’accommoder de cette situation si particulière.

Depuis ta sortie de catégories jeunes, cela faisait un petit moment que tu végétais un peu…
R.F. : C’est ma quatrième année à l’INSEP, les années se ressemblent. J’ai fait une première année assez exceptionnelle, avec des sélections en Coupe du Monde sans vraiment réussir à trouver ma place, ensuite, j’ai fait quelques petites tentatives par ci par là mais c’est vrai que j’ai beaucoup ramé. Manque de motivation à l’entrainement, pas de sélection, il fallait à chaque fois se rabattre sur des D1, des épreuves nationales. Au final je m’étais installé dans une routine où je faisais tout moyennement. J’attendais les sélections pour me motiver, mais à chaque fois c’était trop tard.
Ce n’est pas comme ça que ça marche, pour progresser le travail doit commencer plus en amont.
Tu n’as pas l’impression d’avancer dans ta vie, tu vois les autres partir en compétition et toi tu demandes ce que tu fous. Tu n’as pas l’impression que les autres sont plus investis que toi à l’entrainement physiquement mais peut être que mentalement ils le font différemment.

Qu’est ce qui a été le déclencheur ?
R.F. : C’est l’année olympique ! C’est quelque chose de magique. Déjà il y a quatre ans je m’étais bien mobilisé. A l’époque j’étais en Pôle à Dijon. J’avais fait la présélection pour les Jeux en tirant à mon meilleur niveau, malheureusement cela n’avait pas suffi à aller plus loin. Derrière je n’ai pas réussi à tirer profit de cette motivation et à rester investi au même niveau, il y a eu un creux. Cela m’a tout de même permis d’intégrer l’INSEP. Cette année je me suis dit que c’était L’Année ou jamais. Je suis venu avec le plein de motivation, j’ai fait une grande pause après le championnat de France 2019, pour faire le bilan et je suis revenu en septembre pour y aller à fond.

C’est une sorte de renaissance ?
R.F. : Quand tu approches les choses d’une façon différente, la récompense a un autre goût.
Maintenant j’essaie de rester plus régulier dans mon investissement. Cette année je n’ai pas fait grand-chose d’autre que du tir à l’arc, c’est devenu ma priorité. Pour l’instant, je suis la meilleure version de moi-même, je n’ai jamais été aussi fort. J’ai réussi à montrer sur la sélection que j’avais le niveau pour partir en compétition internationale. Je suis très content que la DTN me fasse confiance sur ce plan-là. J’ai été en progression durant tout la sélection en atteignant 670 points de moyenne sur la deuxième étape. En revanche j’ai eu du mal sur la dernière demi-journée, je ne pensais plus qu’au résultat, le classement était hyper serré, Pierre Plihon a fait une remontée fantastique, j’ai essayé de rester calme, de garder ma lucidité. Après la sélection j’ai stressé jusqu’à ce que Anne Reculet m’appelle pour m’annoncer ma sélection. Ça a été une libération, j’étais presque sous le choc. 
J’aurais aimé que Lucas Daniel réussisse aussi car nous nous sommes préparés et motivés ensemble depuis le début de la saison.

Avec quel entraîneur travailles-tu au quotidien ?
R.F. : C’est Aurore (Trayan) qui me suit depuis le début de l’année, on travaille bien ensemble. Elle me connait bien, elle a été mon entraîneur lorsque j’étais en pôle à Dijon. Il va y avoir un travail en binôme avec Nicolas (Rifaut) qui va beaucoup me voir sur la suite de la saison.

As-tu un bon soutien de ta famille ?
R.F. : Si ma famille n’avait pas été derrière moi, je ne serais plus là aujourd’hui. Elle me soutient financièrement, mentalement.

Quels sont tes objectifs ?
R.F. : Cette année je veux faire autre chose que de la figuration sur le pas de tir. L’objectif c’est La médaille olympique. Nous ne sommes pas les mieux placés aujourd’hui mais c’est faisable.
Je vais jouer ma saison à fond comme j’ai joué les sélections. Aujourd’hui je sens que ma place est légitime. Je veux n’avoir rien à regretter à la fin quel que soit le résultat. Le tir à l’arc c’est ma passion, je veux aller le plus loin possible !

Le vendredi 13 mars la fermeture de l’INSEP a obligé les archers à rentrer chez eux. Romain est ainsi rentré chez ses parents à Dardilly près de Lyon où il continue à se préparer.

R.F. : « Depuis vendredi je suis de retour chez mes parents. C’est difficile parce que pour l’instant on ne sait pas quand la saison va reprendre. On s’est préparés beaucoup, on a fait les sélections, c’était dur et là tout est à l’arrêt…  C’est un peu démoralisant, même si j’ai conscience que je ne suis pas à plaindre. Je peux m’entraîner dans le jardin à 5m et à 18m ainsi que certains jours au club de Lissieu qui est tout près de chez moi. A la fin des séances je fais des débriefs avec les entraîneurs. Hier j’ai tiré sur des blason trispots de 40 à 18m, ça fait bizarre de faire de la salle à l’extérieur. J’essaie de garder l’entrainement bi-quotidien, parce que quand il va falloir reprendre et partir en compète deux semaines plus tard, il faudra être prêt. »
 

Interview réalisée le 3 mars 2020 et mise à jour le 17 mars 2020. Service Communication FFTA - Propos recueillis par Laurence Frère - Photos : Julien Rossignol

Articles connexes