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Ferdinand Delille : le chemin vers la reprise du tir à l'arc après son opération

Article publié le 12/06/2020

Ferdinand Delille vient de vivre, à bientôt 24 ans, un arrêt brutal dans sa préparation d'athlète. Il a fait le choix de se faire opérer de l'épaule, juste avant de savoir que nous serions confinés en raison de la crise sanitaire. Une pause choisie, qui tombe finalement bien pour le jeune archer du Club de Nîmes qui reprend un programme d'entraînement tout en douceur, mais déjà des étoiles dans les yeux pour atteindre ses objectifs.

FFTA : Tu as été opéré de l’épaule récemment. Peux-tu nous dire ce qu’il t’est arrivé, et comment tu vas aujourd’hui ?

Ferdinand Delille : "J’ai été opéré de l’épaule droite, donc pour moi épaule de corde, car cela fait un an et demi que j’avais des douleurs et que je n’arrivais pas à me préparer correctement avec un volume de flèche adapté. Comme j’avais du mal à sentir la finesse de ma position, je me retrouvais à baisser l’épaule de façon trop prononcée, à faire du volume sur une position qui était plus de l’abaissement que du relâchement. J’ai hésité puis ai pris ma décision peu de temps avant le confinement, sans savoir que nous serions confinés. Les sélections pour l’équipe de France étaient déjà passées, j’avais fait de mon mieux mais cela ne s’était pas très bien passé. Je m’inscris clairement pour un objectif 2024, et recommencer une olympiade avec une épaule "en vrac" ne me semblait pas judicieux, ce qui m’a poussé à faire cette opération."

Comment s'est passé la phase post-opératoire ?

"Je me suis fait opérer le vendredi 13 mars. Je suis resté au repos pendant 2 semaines, mais comme c’était quelque chose de choisi, pour mon bien, ce n’est pas une période que j’ai mal vécue. J’ai été sérieux dans mon repos, j'ai un peu pris comme un jeu le fait de me servir de mon autre main. 

Je suis resté en lien avec mon kiné toutes les semaines, et après ces deux semaines j’ai commencé à remobiliser mon épaule sur des mouvements très simples pendant 8 à 10 jours, puis de plus en plus de mobilisation accompagnée de renforcement. Je me suis vite retrouvé à faire 3h de mobilisation d’épaule par jour. J’ai repris le renforcement avec un élastique au bout d’un mois après l’opération puis la musculation au poids de corps avec des amplitudes adaptées après 7 semaines. Au bout de 2 semaines de travail d’amplitude, j’ai tout récupéré. Pour la force, cela prend plus de temps.

J’ai repris l’arc environ 2 mois après mon opération, au moment du déconfinement."

Ce passionné de tir à l'arc, licencié FFTA depuis 2009 et en structure depuis 2012 aux Pôles de Chatenay-Malabry puis de Nancy, a fait son entrée au Pôle France de l'INSEP en 2017. Il était donc naturel pour lui de "revenir à la maison" lorsque l'autorisation gouvernementale le lui a permis. Après une visite médicale pour vérifier son état physique et moral, Ferdinand a pu retrouver son terrain de jeu préféré : le pas de tir, l'arc enfin en mains.

Quelle stratégie as-tu adoptée pour reprendre l'entraînement ?

"J’ai repris avec l’arc le plus faible que j’ai pu trouver, à 26 livres [Ferdinand tire environ 48 livres en temps normal]. J'ai commencé par un entraînement de 30 flèches et je monte le volume de 10 flèches chaque jour. Au bout d’une semaine, je suis passé sur 2 entraînements de 30 flèches puis de nouveau une augmentation de 10 flèches chaque jour."

Tu travailles des points spécifiques ?

"Depuis 2 semaines où j’ai repris l’arc, je suis toujours sur de la paille à courte distance. J’ai fait ma première augmentation de puissance aujourd’hui, je suis à 28,5 livres, en rebaissant le volume pour une nouvelle phase d’adaptation. Dès que j’atteins 100 flèches par entraînement, j’augmente de nouveau la puissance et rebaisse le volume, et ainsi de suite."

Quand imagines-tu un retour à ton niveau pré-opératoire ?

"J’y vais progressivement. Je ne veux pas trop me projeter car j’ai une tendance à vouloir faire vite, à me mettre des challenges. Pour le moment je ne rencontre pas de limite dans ma programmation. Je pense qu’il va me falloir six mois pour retrouver mon niveau. On s’attend à ce que les sélections olympiques soient en décembre même si pour l’instant nous n’avons pas d’information. Dans ma tête je souhaite être compétitif en octobre/novembre pour avoir un mois de préparation en compétition avant les sélections."

Tu avais signé avec l’Arc Club de Nîmes en début de saison. Envisages-tu d’y rester ?

"Oui. Je n’ai fait que la saison salle mais je sais que j’ai fait un bon choix en allant à Nîmes. J'étais en contact régulier avec Olivier Grillat [directeur sportif du club] pendant le confinement, je me sens bien dans le club. J’ai eu de la chance dans le sens où mon opération est bien tombée dans ma carrière de sportif. Cet arrêt des compétitions me permet de reprendre dans de bonnes conditions car je n’ai pas l’impression de prendre de retard dans ma préparation, comme cela aurait été le cas si j’avais dû voir mes co-équipiers s’entraîner tous les jours à l’INSEP pour des compétitions."

Comment se passe ton suivi au quotidien ?

"Les conditions sanitaires font que je ne vois pas beaucoup Aurore [Aurore Trayan, son entraîneur à l’INSEP] mais je lui fait valider le programme de reprise que j’établis, ainsi que le travail technique que j’enclenche. J’ai pris du temps pendant le confinement pour réfléchir à ce que je voulais faire évoluer dans mon entraînement et je lui ai déjà présenté mon travail, qu’elle a validé.

Elle a déjà eu des archers qui s’étaient blessés et se retrouvaient comme moi dans un processus de reprise, donc elle m’aide surtout à me canaliser dans mon protocole de reprise pour ne pas que j’y aille trop fort."

Le confinement va probablement rebattre les cartes pour les Jeux Olympiques. Moi, je suis avec mon arc de moins de 30 livres mais j’ai le couteau entre les dents pour les JO de l’année prochaine.
Propos recueillis le 8 juin 2020 par Stéphanie Girou - Service Communication FFTA / Photo Ange Jimenez / Vidéo Facebook Ferdinand Delille

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