Nicolas Girard, un champion en devenir

Article publié le 23/04/2020

Cette semaine nous sommes allés prendre des nouvelles de Nicolas Girard. Le jeune archer arc à poulies, 19 ans seulement, a impressionné cet hiver avec des résultats de très haut niveau face aux meilleurs mondiaux. Deuxième du tournoi international de Nîmes et 3ème de la finale de la Coupe du monde à Las Vegas, il était attendu et ses performances scrutées sur cette saison extérieure. Une ambition stoppée nette par l’arrêt des compétitions.

Quelle saison salle pour Nicolas Girard ! L’archer de St Martin de Crau s’est une nouvelle fois révélé aux yeux des passionnés de tir à l’arc comme un grand espoir de l’arc à poulies. Il n’est pas un inconnu surgi de nulle part, mais il a pris le temps de s’organiser et de progresser à son rythme. Champion d’Europe en salle junior en 2017 à Vittel, alors qu’il n’est encore que cadet, on sentait déjà une certaine zénitude dans son tir et sa façon d’aborder la compétition. 
Cette saison salle 2020, ne doit rien au hasard « À la fin de la saison extérieure 2019, j’ai commencé à prendre conscience qu’il ne me restait qu’une année chez les juniors. J’avais envie de faire quelque chose pour pouvoir arriver en senior l’an prochain au mieux de ma forme. » 

Pour atteindre son objectif, il a réorganisé son emploi du temps. « Je suis en alternance, une semaine au boulot et une à l’école. C’est ma deuxième année donc après, c’est terminé. Ma première année de DUT, j’ai eu du mal gérer à la fois le tir, l’école et le travail. Sur cette deuxième année, j’ai trouvé un meilleur équilibre et à mieux gérer mon planning. J’ai pu me libérer plus de temps pour m’entraîner et me reconcentrer sur le tir. Je me suis beaucoup entraîné sur la saison salle. » Une situation professionnelle, scolaire et sportive qu’il n’est pas toujours évident de faire cohabiter et pourtant Nicolas Girard s’en sort plutôt bien « Pendant l’hiver, j’ai raté pas mal de cours. Par chance, mon responsable à l’école et mon patron ont été très compréhensifs pour me libérer sur ces compétitions. Je travaille comme technicien de maintenance électrique dans le bâtiment et je m’entends à merveille avec mon patron donc c’est top. » 

Cette saison salle 2020, il en garde un souvenir chargé d’émotions et surtout une expérience exceptionnelle. « Sur la saison salle, je me suis vraiment amusé. Le réveil a eu lieu à Nîmes. C’est là où je me suis dit « Ouah ! Je suis capable de faire de beaux résultats ». J’avais déjà réalisé un bon score à l’Open France Archerie, mais les conditions n’étaient pas les mêmes, j’y étais plus pour m’amuser avec mes collègues Félix Sobry et Adrien Gontier. 

La finale à Nîmes, je voulais vraiment en profiter et m’amuser sans me mettre trop de pression. J’ai essayé de me concentrer dès le début du match pour rester dans mon tir, mais Braden Gellenthien a été plus fort.» Une performance tout de même soulignée par son adversaire à la fin du match. « Il m’a dit que j’avais un grand avenir dans le tir à l’arc, ça fait vraiment plaisir venant d’un archer avec son palmarès. » 

Quelques semaines plus tard, direction Las Vegas pour le mythique Vegas Shoot, le plus gros événement de tir à l’arc au monde. « La suite à Vegas, a été un peu plus mitigée. Je réalise une bonne finale de la Coupe du Monde, mais il y a aussi un petit regret de ne pas être parvenu à refaire les 900 points. Il y a toujours un peu la peur du 900. Après l’avoir réalisé en 2019, je pensais que ce serait plus facile et en fait c’est l’inverse, il y a de l’appréhension, il faut quand même y aller et le refaire. »

Nicolas Girard a ensuite clôturé sa saison salle par un titre de champion de France Junior à Vittel fin février avant de se tourner vers l’extérieur et une saison prometteuse. « Pour l’extérieur, j’en ai beaucoup parlé avec Sébastien Brasseur (ndlr : entraîneur de l’équipe de France arc à poulies). Nous avons convenu que je devais viser la Junior cup et tenter également les sélections seniors. Il y avait réellement l’ambition de jouer les deux à la fois en junior et en senior. La compétition junior devait rester la priorité, mais si je me sélectionnais en senior le but était d’aller sur au moins une des trois étapes de coupe du Monde. »

Une saison extérieure qui n’a malheureusement jamais débuté. « À vrai dire je n’ai même pas eu le temps de sortir mon arc pour l’extérieur. Aujourd’hui, je continue l’entraînement chez moi. Je me suis installé une petite cible dans le jardin à 18m environ. Ce n’est pas grand-chose, mais ça me suffit pour garder la forme. Je tire en moyenne trois fois par semaine au moins une heure en sortant du travail. Sur les semaines de cours, je finis un peu plus tôt, je peux m’entraîner jusqu’à cinq fois par semaine. J’ai l’avantage d’avoir mon travail et mon école à proximité pour optimiser mon temps. »

Une situation pas évidente à gérer pour cet espoir plein d’ambitions. « L’attente n’est pas simple. Il n’y a pas de concours, je ne sais pas où en sont mes collègues et si les points que je fais actuellement vont suffire. Les compétitions permettent de s’évaluer et de connaître notre niveau par rapport aux autres et là, on est un peu perdu. Pour me motiver, j’essaye de rester dans les points que je réalisais cet hiver en salle. Je tire dehors, mais à 18m. D’ailleurs j’utilise toujours mon arc de la salle avec les gros tubes. Juste avant le confinement, nous avions un stage arc à poulies durant lequel j’ai monté et réglé mon arc pour l’extérieur pour 3-4 jours. En revenant je l’ai posé et je ne l’ai plus retouché. »

La période estivale comptait aussi d’autres challenges pour Nicolas Girard. « On a un très bon club et une bonne équipe. L’an passé, nous avons remportés la finale des Divisions Régionales et nous devions faire cette année notre première saison en D1. On est quatre dans l’équipe, deux jeunes d’une vingtaine d’années et deux papas un peu plus âgés, mais quand on est ensemble, ils retrouvent une seconde jeunesse. J’avais prévu de faire aussi un ou deux concours en 3D et en Campagne pour m’amuser. Sans pour autant jouer quoi que ce soit. »

Pas abattu, Girard compte bien poursuivre sur sa lancée dès qu’il en aura l’occasion. « J’ai des contacts réguliers avec Sébastien Brasseur et Max Parpillon, mon entraîneur de club qui est toujours présent derrière moi. On se fait des petits programmes d’entraînement. Pour la saison prochaine, je vais essayer de faire au mieux et d’aller même plus loin si j’y parviens. Le challenge pourrait être la coupe du monde à Paris. »

Interview réalisée par Julien Rossignol / FFTA | Photos : Dean Alberga / World Archery & Julien Rossignol / FFTA