Encore inconnu il y a deux ans, Baptiste Addis, à l'aube de ses 17ans, est actuellement en course pour les sélections olympiques. Nommé pour devenir l'archer de l'année, le jeune Gardois nous parle de sa saison où il a jonglé entre catégories Cadet et Senior et de sa casquette de "favori".
« Il faut que j’apprenne à construire une saison et à être performant dans les moments clés. »
L'interview de Baptiste :
- Lors de cette saison, tu as jonglé entre la catégorie Cadet et la catégorie Senior. Tu fais le choix de faire le Championnat du monde de la Jeunesse en U18. Est-ce que c'était ton choix ou celui des coachs ?
C’était mon choix. Les coachs préféraient que je le fasse en U21 mais pour moi, ce n’était pas forcément le bon choix car je préparais ma dernière année en cadet. J’étais préparé vu que j’étais cadet 3ème année et que je jouais déjà chez les seniors. J'étais prétendu au titre. Pour moi, c’était important car imaginons que pour X ou Y raison l’année prochaine je gagne une Coupe du Monde, j’allais arriver sur le championnat avec un statut de favori. Il fallait que j’apprenne à jouer avec ce statut. On m’avait mis la pression dès les qualifications où l’on attendait le titre et rien d’autre. Pour ma carrière, c’était important parce que c’était un titre de remporté mais ça m’apprenait aussi à gérer des arènes et gérer le fait d’être favori. Arrivé là-bas, les conditions n’étaient pas optimales pour aller chercher un record du monde. Je suis tombé sur un Letton en demi-finale qui fait un X aux barrages mais finalement j’ai su me remobiliser et je suis allé chercher la petite finale avec un beau match.
- Comment vous avez réussi à créer cette cohésion avec Alexis (Renaudineau) et Jules (Pedoux) ?
L’épreuve par équipe, on a commencé à la préparer dès le premier jour en créant des liens surtout en dehors des entraînements. On a eu une entente instantanée et on a créé une confiance en équipe. Je trouve qu’il n’y a rien de mieux que de tirer en confiance avec des amis. Lors de la compétition, on n’était pas forcément les favoris car c’était les premiers championnats d’Alexis mais ce jour-là, nous étions inarrêtables. Ce n’était pas 3 individualités qui tiraient mais vraiment une équipe, ce qui nous a vraiment beaucoup aidés à appréhender les barrages. Pour moi, on avait déjà gagné.
- Est-ce ça t’a fait du bien de te retrouver avec des personnes de ton âge ?
Oui, c’était très agréable de faire cette compétition. Je suis très content pour moi d’avoir remporté cette médaille mais surtout pour l’équipe. Arrivé là-bas, je leur avais dit que je ne partais pas pour être forcément le leader. Nous sommes une équipe de 3 archers et nous tirons ensemble. Je suis content d’avoir pu leur permettre de remporter cette médaille.
- En début de saison, tu as fait le tournoi en salle de Nîmes. C'était ta première finale en Senior contre Thomas. Est-ce que ça t’a apporté quelque chose dans ton développement ?
Même après cette médaille-là, c’est toujours compliqué de se dire que je suis capable de faire quelque chose. Il y a 2 ans, personne ne me connaissait en France. Même actuellement, c’est encore dur de réaliser que je suis dans un processus olympique. Après Nîmes, je ne m’en rendais pas compte. Pour moi, j’étais juste un jeune qui était dégoûté d’avoir perdu. Je ne me rendais pas compte de ce que cela voulait dire, mais c’est une super expérience car jouer en salle, c’est vraiment impressionnant. Il y a une certaine pression, une atmosphère, la lumière... tu sens qu’il y a du public. C’était plus intimidant que les Jeux Européens, où le public est assez loin. La salle t’apprend aussi à enchaîner les 10 malgré la pression. Je perds, c’est un peu dommage mais c’est une bonne expérience, d’autant plus que le public était derrière moi car c’était à la maison. Ça ne m’a pas mis plus de pression que ça pour la saison.
- Tu fais une saison pleine en senior. Quel est ton ressenti sur cette première expérience complète ?
C’est super enrichissant car c’est une nouvelle approche, une nouvelle philosophie. En junior, on se prépare toute la saison pour atteindre un objectif, qui est le championnat d’Europe jeune et la Junior Cup. C’est très cool de pouvoir faire une Coupe du Monde, de voir ce qui a fonctionné ou non et de refaire une étape un mois plus tard. C’est agréable d’avoir une saison complète avec beaucoup de compétitions.
- Cette année tu étais le petit jeune de ton équipe, comment tu as réussi à te faire ta place ?
C’était très compliqué car chacun à des statuts et des caractères différents. En plus, avec les changements de monsieur Oh, tout le monde travaille et tout le monde évolue mais c’était plutôt naturel finalement avec l’équipe.
« Tout est arrivé très vite. »
- On est à quelques jours de la deuxième étape de sélections, comment te projettes-tu ?
Je suis passé par pleins de phases depuis septembre mais je pense que ce que je vise, c’est d’être prêt moi, de mon côté. Si je suis pris c’est que je suis prêt, sinon c'est que j’ai encore des choses à travailler.
- Est-ce que tu penses aborder ta deuxième saison avec le même état d’esprit ?
Je ne sais pas encore comment je vais l’aborder. Tout est arrivé très vite. Certains mettent des années avant de faire des étapes de Coupe du monde. Il faut juste que je continue à travailler pour atteindre le niveau que je veux avoir. J’arrivais un peu avec mon insouciance de jeune qui fait que je voulais tout gagner mais dans la réalité d’une saison c’est différent. Les meilleurs ne gagnent pas toutes les compétitions. Il faut que j’apprenne à construire une saison à être performant dans les moments clés.