Portrait Angeline Cohendet « il y a beaucoup de joie et de bienveillance dans cette équipe »

Article publié le 20/04/2021

Nouvelle venue, dans l’équipe de France féminine en vue de la chasse aux quotas olympiques, Angeline Cohendet débute cette saison 2021 en tant que titulaire. Une situation inédite pour la jeune femme qui doit prendre ses marques avec un nouveau rythme et de nouvelles coéquipières.

La saison a débuté avec une préparation compliquée en raison de la crise sanitaire. Il lui a fallu redoubler d’ingéniosité et de quelques astuces pour son entraîneur de club, Yann Marlin « Cela n’a pas été simple pour elle avec le confinement. Elle tirait beaucoup à 18m pour garder le lien avec le résultat et une cible surélevée pour simuler l’angle 70m. Elle s’en sort plutôt bien sur l’ensemble des sélections.» En effet, avec une deuxième place au classement général, Angeline Cohendet est retenue pour intégrer l’équipe de France féminine qui ira chercher les quotas olympiques cette saison. 

Une saison qui se trouve quelque peu chamboulée. Au niveau professionnel, Angeline Cohendet qui travaille dans un laboratoire de recherche en biologie a dû adapter son emploi du temps. Licenciée au club de Brignais, elle s’entraîne aussi à Marcy l’Étoile plus proche de son lieu de travail. « Je bosse toujours, sauf les semaines où je suis en compétition. Mon employeur m’a retiré quelques missions pour que mon emploi du temps soit plus léger quand je rentre entre les déplacements. Nous sommes en discussion pour réduire mon nombre d’heures. Je ne peux pas faire un temps plein quand je suis présente parce qu’à côté, je dois m’entraîner un peu plus qu’auparavant. » 
Elle peut cependant compter sur le soutien de ses collègues : « Tout se passe super bien, ils sont à fond derrière moi sur ce projet-là donc il n’y a pas de souci. Mon chef est assez sportif donc c’est cool. Le but est de me mettre dans les meilleures conditions pour réussir mon projet. »

Je souhaite tout de même garder un lien avec le boulot pour garder mon équilibre avec le tir et la famille.
Angeline Cohendet

À 29 ans, l’archère du club de Brignais n’en est pas à son coup d’essai. Elle a déjà honoré à plusieurs reprises le maillot tricolore et même avec succès. Au jeu des statistiques, elle fait un sans-faute sur les grands événements. Pour sa première sortie internationale, lors de l’Euro 2017 en salle à Vittel, elle a décroché deux médailles, le bronze en individuel et l’argent par équipe. Rebelote en 2018 lors des Jeux méditerranéens, lorsqu’elle remporte l’or par équipe associée à Marion Bardary et Bérengère Rogazy. Une situation qu’Angeline Cohendet prend avec beaucoup de recul : « Je sais que suis capable de relativiser sur la situation. Être en équipe de France ce n’est que du bonheur donc je sais que je veux me lâcher et tout donner. Je n’ai pas de pression par rapport au fait que j’aie pu réussir mes précédentes sélections. Pour moi c’est un peu différent de ce que j’ai pu vivre auparavant. Là on s’engage sur une saison entière avec les compétitions qui s’enchaînent et on va tout faire pour qu’en juin ont soient prêtes à aller chercher les quotas. »

Cette fois, c’est au sein de l’équipe première qu’elle a obtenu sa place. Auteure de bonnes performances sur les sélections, elle a semblé plus en difficulté lors des deux premières compétitions de la saison. Il faut dire que les Grands Prix européens de Porec et Antalya ont été balayés par le vent. Une situation difficile pour Angeline Cohendet peu habituée à l’exercice. Pour y remédier, elle a quelque peu changé son rythme quotidien. « J’ai augmenté mon nombre d’entrainements par semaine dans le but d’augmenter ma puissance et ma capacité physique. J’ai encore une faible puissance par rapport aux autres filles de l’Insep et c’est vrai que sur les deux Grands Prix, par exemple, je me suis vite fait un peu embarquer par le vent. Auparavant, je tirais entre 3 et 4 séances par semaine, depuis j’ai quasiment doublé. » explique-t-elle.

Pour Yann Marlin, ces changements faits progressivement ne devraient pas perturber sa préparation. Pour lui, il faut surtout qu’Angeline reprenne confiance en elle après son changement de rythme : « Les sélections en salle, il y a un peu de gain de points par rapport à l’extérieur. Quand tu arrives dehors, tu prends un peu une claque. En plus de ça, sa dernière compétition devait dater des championnats de France de Riom en 2019. Elle a eu une grosse coupure avec la compétition.
Elle doit reprendre ses marques, reprendre confiance. Normalement, elle est assez clair sur ce qu’elle doit mettre en place, sur sa stratégie.
 »

Autre changement et non des moindres pour Angeline Cohendet, celui de l’entraîneur : « Je travaille avec Yann Marlin et depuis ma sélection avec Jean-Manuel Tizzoni, l’entraîneur national. Ils interagissent tous les deux beaucoup sur mon mode de fonctionnement et pour que Jean-Manu apprenne à me connaître pour la saison. ». Une situation qui semble bien fonctionner entre les deux coachs comme nous l’explique Yann Marlin : « Pour moi, la référence c’est la compétition, donc c’est à lui (ndlr : Jean-Manuel Tizzoni, entraîneur de l’équipe de France) d’observer et de me faire le point sur les éléments qu’il faut renforcer.
Ma crainte, c’est qu’elle puisse avoir deux discours. Comme je ne suis pas avec elle, je ne souhaite pas intervenir sur des éléments de travail. Je garde le lien avec elle pour avoir des retours et on échange sur les notions de confiance et de motivation qui sont essentielles.
 »

Au final, dans cette saison marquée de changements pour Angeline Cohendet, le plus important reste de bien s’intégrer au sein de l’équipe de France : « J'arrive dans une nouvelle équipe avec Lisa Barbelin et Mélanie Gaubil. Je suis pleine de confiance, on va débuter avec les filles le tir par équipe à Guatemala, on commence à bien créer cet esprit d’équipe. C’est un groupe où il y a beaucoup de joie et de bienveillance. »

Désormais, le sprint final débute avec la première étape de la Coupe du Monde à Guatemala City cette semaine. Un seul objectif, arriver prêt en juin pour les quotas olympiques : « J’en ai parlé avec Jean-Manu (ndlr : Tizzoni) et mon objectif sur cette coupe du monde c’est de prendre de la confiance et de ne pas avoir peur d’y aller… »

Photos : World Archery, Ange Jimenez, Julien Rossignol / FFTA